mardi 4 mai 2010

Haïku


Les pères fondateurs – haïku et senryû



Les poètes Bashô et Karaï sont à l’origine des 2 genres poétiques que sont respectivement le haïku et le senryû. Les 2 genres et les 2 écoles se développent en parallèle aux XVI° et XVII° siècles sous la dynastie des shôguns Tokugawa.
Le haïku à ses débuts se présente sous la forme de carnets de voyage.
Le senryû, genre plus libre au langage plus simple et plus truculent, poésie satirique et grivoise, permet à chacun en quelques mots amusants d’exprimer son dégoût d’un pouvoir despotique en pleine déliquescence.
Les 2 genres ont contribué chacun à sa façon à l’éclosion d’une poésie populaire, en réaction contre une poésie classique et savante. Le senryû a contribué à la chute du pouvoir shôgunal, et donc à la révolution de Meiji.

Le haïku – ce qu’il n’est pas
Un haïku ne possède pas de double sens, de sens caché. Il doit posséder un sens limpide.
Le vers le plus célèbre de Bashô : Vieille mare – Une grenouille plonge – Bruit de l’eau
Un haïku n’a aucun rapport avec le bouddhisme zen ou avec une quelconque philosophie japonaise incompréhensibles à nous autres Occidentaux.
Le haïku n’a pas pour origine le shintoïsme, ce culte de la nature, que seuls possèderaient les Japonais, et qui bien sûr nous ferait défaut à nous autres Occidentaux.
Un haïku n’est pas un jaillissement spontané, venant d’une illumination soudaine et géniale. Un haïku, ça se travaille, se corrige, s’affine pas à pas et avec méthode.
Le véritable esprit du haïku selon l’école de Bashô
Le haïku est marqué du sceau de l’irrespect … mais sans paroles vulgaires.
Le haïku est marqué du sceau de la trivialité, la simplicité.
Le haïku est marqué du sceau de l’espièglerie, de la moquerie. Bashô parle de cocasse, de drôlerie, d’humour. Un haïku doit être empreint de légèreté.
Le caractère insolite du thème, un esprit badin, la liberté de ton sont essentiels.
Les principaux agréments du haïku sont le libre jeu et le rire.
Le haïku et ses thèmes
Le haïku est un tout petit poème, toujours simple et dépouillé, quelquefois vague ou délicat, en tout cas pas intellectuel pour 2 sous mais tout en émotions et en sentiments.
C’est un genre avant tout descriptif, imagé, mais aussi intimiste et émotionnel et … qui ne pense jamais.
C’est une image visuelle, quelquefois littéraire pour donner à voir, à sentir la nature et les saisons.
C’est le poème des choses les plus banales de la vie quotidienne, des bonheurs minuscules et des petits tracas, de la grivoiserie quelquefois (saveur râpeuse du parler populaire), le plus souvent écrites avec humour.
Le haïku est à pratiquer à la campagne, en voyage, en randonnée, mais aussi dans le métro, devant la TV ou en observant ses enfants, son mari, ses collègues de bureau, …
Le haïku est un genre concis, concret, ciblé (règle des 3 c).
Le haïku est le poème de la capture de l’éphémère, de l’observation attentive des petites choses fugaces.
Le haïku se doit aussi de cultiver l’esprit, l’humour, le piquant, l’élégance, l’économie.
Le haïku est un idéal de la parole parfaite.
Il existe 3 types de haïku : le haïku de saison, le haïku de circonstance, et le senryû.
Le haïku ne convient pas aux pensées, aux réflexions, aux maximes, aux thèmes amoureux.
Ses thèmes de prédilection sont :
  • D’exprimer les émotions créées par l’observation de la nature : campagne, montagne, mer, forêt, la terre, la faune, la flore, les éléments, la lumière, le jour, la nuit, les astres, etc.
  • De décrire des instantanés ou des images visuelles de la vie quotidienne ou familiale, des petits évènements de tous les jours
  • De décrire des instantanés ou des images visuelles de la vie à la campagne, des métiers : paysan, berger, potier, pêcheur, gardien de phare, etc.
  • De brosser des portraits physiques ou psychologiques (comportement, manies, etc.) de proches : famille, voisins, collègues de travail, etc.
  • D’évoquer des fêtes ou cérémonies familiales ou sociales.
  • Des peintures ou des images visuelles de scènes de voyage – journal de voyage
  • D’exprimer les difficultés de la vie, les siennes ou celles des autres
  • D’exprimer des sentiments (solitude, nostalgie, tristesse, ..), des sensations, des impressions, des émotions.
Applications du haïku, qui permettent une écriture extrêmement concise, imagée et rythmée :
  • Carnet de voyage
  • Méthode de prise de notes, qui seront finalement écrites en prose
  • Cartes de vœux, de félicitations : mariage, naissance
  • Album photos, en accompagnement des photos
  • Publicité
  • Etc.
Caractéristiques minimales pour qu’un texte puisse être appelé haïku :
  • Respecter la règle des 5-7-5 syllabes
  • Utiliser un vocabulaire compréhensible de tous et même si possible des enfants
  • Fonctionner de façon autonome – sans aucune autre explication en dehors de lui-même